Zanmari Baré, l’humilité et la transmission par le maloya
» Koman i lé ? (comment allez-vous en créole réunionnais), je reviens d’une semaine à la Réunion dans le cadre du IOMMA – plus grand marché des musiques de l’océan indien – et du fameux festival le SAKIFO qui a fêté ses dix-huit ans ! C’est là bas au bord du lagon de Saint-Pierre au sud de l’île intense, que j’ai rencontré l’une des grandes voix du maloya, Zanmari Baré. Il représente dignement cette musique rebelle et emblématique de I’île car héritée des esclaves aux racines africaines, malgaches et indiennes. Il y amène sa poésie et différentes influences afin d’ouvrir de nouveaux chemins au maloya. Juste avant son concert, il me rejoint avec son regard perçant et son attitude humble. Il me raconte sa jeunesse, ses débuts dans la musique dès l’école lorsqu’il tapait ses premiers rythmes sur une boite de conserve vide. Mais surtout, le chanteur se confie sur sa rencontre avec Danyel Waro, sur la fierté de sa créolité. Il se remémore son groupe Lansiv et son premier album solo Mayok Flér. Il raconte son deuxième disque Voun ainsi que son nouvel opus Sizi. Un hommage à sa mère, ses parents, à sa vie et sa culture, qu’il chante d’une manière inimitable. «
Source : Nova
Zanmari Baré | Mayok Flér
3 premiers couplets de « NOUT LANG »
– En version originale Créole –
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Pokwé nout lang sou pié mang i dor, pokwé pokwé mèm
Kissa i plèr la pré kri la mor, anou anou mèm
Pokwé mon lang konm an tang i dor, pokwé pokwé mèm
Dann gro lardèr i akokiy le kor, koz ou koz ou mèm
Si wi vé tap a li, kony a li, touf a li
Si wi vé kraz a li, zèt a li, bli a li
Kit ma yèm a li, kit ma mour a li
Kit ma danse a li, kit ma sante a li
Kit ma yèm a li, kit ma mour a li
Kit ma manz ali, kit ma vanz a li
Mon lang konm an kanot si la tèr malizé débouz a li
Dèk li tous la mèr wi sa malèr li fiyout an zangiy
Mon lang konm an kanot si la tèr malizé débouz a li
Dèk li tous la mèr kit ta mèr li filout an zangiy
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– Traduction en Français –
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Pourquoi notre langue dort-elle sous le pied de mangues ?(1)
Pourquoi, pourquoi donc ?
Qui donc pleure et hurle à la mort, personne d’autre que nous-mêmes.
Pourquoi ma langue dort-elle comme un tangue (2) ? Pourquoi, pourquoi donc ?
Au plus fort de l’ardeur, elle recroqueville son corps, à cause de toi – même.
Si tu veux, frappe-la, cogne-la, étouffe-la !
Si tu veux, écrase-la, rejette-la, oublie-la !
Laisse-moi l’aimer, laisse-moi l’adorer !
Laisse-moi la danser, laisse-moi la chanter !
Laisse-moi la manger, laisse-moi la défendre !
Ma langue est une pirogue : sur terre, pas facile de la faire bouger,
Mais dès qu’elle touche la mer, sapristi, elle part en flèche comme l’anguille.
Ma langue est une pirogue : sur terre pas facile de la faire bouger,
Mais dès qu’elle touche la mer, nom de Dieu, elle glisse comme l’anguille.
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